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من هناك
01-19-2008, 01:14 AM
Quand Dieu cohabite avec Allah


Martin, Stéphanie
Pas de porc au menu, mais pas de hijab à l'extérieur de la maison. Pour le clan de Liette Therrien et d'Abdallah Essalik, les accommodements raisonnables se vivent au quotidien. Quand Dieu et Allah se côtoient au sein d'une même famille.
Liette Therrien a rencontré son mari, Abdallah, un Marocain, "comme dans un film". Il l'a bousculée par mégarde, elle l'a remarqué. Ils se sont revus par hasard et, pour se faire pardonner sa maladresse, il l'a invitée à danser. De fil en aiguille, ils se sont mariés... à la mosquée. Elle est catholique, lui, musulman.
Le couple a eu deux fillettes, Sarah, qui a aujourd'hui huit ans, et Leila, trois ans et demi.
Dans leur maison de l'Épiphanie, dans Lanaudière, les deux religions se côtoient, mais ne se heurtent pas... la plupart du temps. Au départ, il y a eu la fameuse question : allez-vous faire baptiser les enfants? "Une religion, c'est un mode de vie et les valeurs catholiques et musulmanes sont sensiblement les mêmes", dit Mme Therrien, qui admet avoir décroché de la pratique religieuse. "J'ai fait le choix que c'était correct qu'elles soient élevées dans la religion musulmane.
"Abdallah leur parle de religion, mais ses enseignements ne sont pas drastiques", ajoute-t-elle. Mais si la plus vieille revient de l'école avec des questions sur la religion catholique, c'est sa mère qui lui répond. Et si, par exemple, les grands-parents maternels souhaitaient amener les filles à l'église, les parents ne s'y opposeraient pas.
Récemment, cependant, un événement a ébranlé la maman. Sarah a manifesté le désir de porter le voile. "C'est un sujet qui n'est pas encore délicat, mais qui pourrait le devenir." Pour Mme Therrien, c'est une chose que sa fille soit musulmane et une autre qu'elle porte le hijab. "Ici, les gens associent ce signe-là à quelque chose de négatif, à la soumission et l'abrutissement de la femme. Alors, pour la protéger, je ne veux pas qu'elle le porte à l'extérieur de la maison."
Liette songe même à ajouter son nom de famille dans le patronyme de ses filles, afin de leur éviter la discrimination, plus tard, notamment dans la recherche d'emploi. "Elles ne sont pas victimes encore de ce côté négatif de la religion que les gens véhiculent. (...) Mais plus je les vois vieillir, plus je me dis que leur CV risque de passer dans la fillière n° 13 si je n'ajoute pas mon nom."