تسجيل الدخول

مشاهدة النسخة كاملة : La Bible relue par le Coran



من هناك
12-24-2007, 04:51 AM
L'Express, no. 2946
News;CouvertureLes Hébreux, jeudi, 20 décembre 2007, p. 73-74


La Bible relue par le Coran

Par Geneviève Gobillot
Professeur d'études arabes et islamiques à Lyon III, Geneviève Gobillot explique ce qui relie et oppose le peuple du Livre aux musulmans.

Quelques récits historiographiques musulmans attestent que Zayd, fils adoptif de Mahomet, avait étudié l'hébreu et l'arabe dans une école rabbinique de la région de Médine. Des variantes précisent que c'est l'envoyé de Dieu lui-même qui lui aurait demandé d'apprendre l'hébreu, ainsi que le syriaque. Ce pourrait être en tout cas une première tentative d'explication des contacts aux niveaux culturel et textuel entre le judaïsme et l'islam naissant. Les mêmes auteurs rapportent qu'au lendemain de l'hégire (émigration de Mahomet et de ses fidèles à Médine, en 622) une charte concernant, notamment, les tribus juives fixées sur ce territoire fut signée. Elle stipulait que « ceux des juifs qui nous suivent ont droit à l'assistance en parité ». Environ dix-huit mois plus tard, une révélation déclarait que les croyants, qui jusque-là priaient avec les juifs en direction de Jérusalem, devaient changer pour se tourner vers La Mecque. Au bout de quelques années, les trois tribus juives de Médine (Banû Nadhîr, Qurayza et Qaynuqa) auraient été tour à tour accusées de trahison et condamnées à l'exil ou massacrées, leurs richesses et leurs propriétés partagées entre les musulmans, leurs femmes et leurs enfants réduits en esclavage. Quoi qu'il en soit de l'exactitude littérale des récits de ces événements, ils reflètent une réalité qui est que des groupes judéo-arabes furent sans doute chassés et décimés pour avoir refusé de se soumettre ou de se rallier, rebutés, entre autres, par le fait que le texte coranique présentait à leurs yeux des versions déformées de passages de la Torah et de ses commentaires.

Une continuité revendiquée
Le Coran en témoigne de manière directe : « Lorsque nous changeons un verset [des Ecritures antérieures] contre un autre verset [du Coran] ils [les gens du Livre, dont les juifs] disent : "Tu n'es qu'un faussaire" » (16, 101). Il précise alors que Dieu n'abroge pas un seul verset (de la Torah) sans en apporter (dans le Coran) un meilleur ou équivalent (2, 104). De fait, le seul véritable reproche qu'il fasse généralement aux juifs est de refuser d'admettre la véridicité de la prophétie de Mahomet - tandis que les chrétiens sont à plusieurs reprises taxés de polythéisme, leur dogme trinitaire étant appréhendé comme un trithéisme. Le texte coranique use d'ailleurs d'arguments textuels pour leur prouver qu'il est une authentique révélation, annoncée depuis longtemps aux juifs par leurs propres prophètes, et met au défi ces derniers en ces termes : « Apportez donc la Torah, lisez-la si vous êtes véridiques » (3, 93). Par ailleurs, il appelle au respect des moindres détails de la loi mosaïque. L'un des rares que le Coran ne reprend pas, la lapidation pour adultère, est réintroduit dans la jurisprudence par une tradition prophétique, faisant allusion à un verset perdu du Coran qui reproche aux juifs de Médine de ne plus la pratiquer, le rabbin ayant pris l'habitude de masquer le passage concerné de la Torah en la lisant.

Enfin, dans le Coran, les juifs, bien que surnommés à plusieurs reprises « ceux qui encourent la colère de Dieu », portent le titre de « gens du Livre », à l'instar des chrétiens, et sont appelés à vivre en bonne entente et convivialité avec les musulmans (5, 48) : à preuve, les musulmans peuvent partager la nourriture des gens du Livre et épouser leurs femmes (5, 5).
Historiquement parlant, selon les fluctuations politiques et économiques du moment, les juifs ont connu des situations très variables dans les diverses régions de l'empire musulman. Jusqu'à la fin de l'époque abbasside, en sus des fonctions de conseillers à la cour, on leur a souvent confié des postes de responsabilité, surtout au niveau financier ou pour la frappe des monnaies, leur situation précaire de minoritaires les rendant plus fiables pour le maniement de l'or et de l'argent. On a compté aussi parmi eux des médecins de renom. Néanmoins, l'importante communauté juive d'Egypte fut en grande partie décimée en 1012 par le calife fatimide al-Hâkim, incarnation de Dieu selon le dogme druze.

Une cohabitation pas toujours facile
Vers le milieu du xiie siècle, Maimonide alla se réfugier dans ce pays, redevenu plus accueillant, pour échapper aux persécutions des Almohades d'Espagne, tandis que, quelques décennies plus tôt, Yehuda Halevi avait renvoyé dos à dos ses contemporains musulmans et chrétiens d'Andalousie pour le traitement infligé à ceux qui ne suivaient pas leur religion (« fermement décidés à tuer leur prochain, convaincus que c'est le plus bel acte de piété qui les rapproche de Dieu »). Des communautés juives subsistèrent néanmoins dans des conditions globalement favorables dans de nombreux pays musulmans durant des siècles, la période actuelle étant sans aucun doute celle des ruptures les plus profondes, du moins avec la frange de l'islam combattant.

--~--~---------~--~----~------
Pour plus d'options, veuillez visiter: http://groups.google.com/group/musulmans-du-quebec