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07-11-2007, 02:37 PM
A Kairouan, les femmes portent le hidjab en signe de protestation.


Malgré la campagne contre le port du hidjab menée par les autorités tunisiennes, de nombreuses femmes l'arborent, de façon parfois détournée. KAIROUAN, de notre envoyée spéciale.
FICATIER Julia

Dans le dédale des petites rues de la médina de Kairouan, clôturée par les remparts où toutes les maisons obligatoirement blanches ont des volets et des portes bleues, au nom de la préservation de la beauté des lieux, une jeune femme passe, voilée de noir de la tête aux pieds. Si mince, si grande. Elle marque un temps de pause devant l'une des 100 petites mosquées de la médina, reconnaissables à leurs portes vertes, la couleur de l'islam.

Le voile qui la couvre n'a pas la lourdeur du hidjab, ce voile noir du Moyen-Orient qui ne laisse apparaître que les yeux. Le sien, très près du corps, recouvert de sequins argentés qui brillent au soleil, lui donne une allure festive, inattendue.

Dans la quatri&#232;me ville sainte de l'islam, apr&#232;s La Mecque, M&#233;dine et J&#233;rusalem, les Kairouanaises passent outre aux << recommandations >> faites par les autorit&#233;s, il y a huit mois, interdisant, par la << circulaire 108 >> r&#233;activ&#233;e, le port d'un tel voile qui << n'a rien de tunisien >>, selon la formule officielle.



Aussi bien dans la m&#233;dina que dans la ville nouvelle, elles sont nombreuses &#224; afficher encore ce voile qui pourtant est << aujourd'hui interdit dans les administrations, les &#233;coles, les universit&#233;s et aussi les espaces publics >>. Il y a m&#234;me une nouvelle mode qui fait fureur &#224; Kairouan, en d&#233;pit de la forte chaleur, plus de 40 &#176;C ces derniers jours : les Kairouanaises ont choisi de montrer leur visage tout en ajoutant sur la t&#234;te une succession de voiles courts, tombant sur les &#233;paules, dont un morceau, blanc, d&#233;passe uniquement sur le front. Une mode encore venue du Proche-Orient, particuli&#232;rement de Turquie. C'est leur mani&#232;re &#224; elles de faire de la r&#233;sistance.



La cit&#233; para&#238;t ainsi envahie par les voiles, d'autant qu'une majorit&#233; d'entre elles en arborent deux autres, le voile l&#233;ger pour certaines, souvent transparent, celui-l&#224; permis par les autorit&#233;s, dont les extr&#233;mit&#233;s retombent &#224; plat crois&#233;es sur la poitrine, ou encore, pour d'autres, m&#234;me des tr&#232;s jeunes, le voile blanc traditionnel d'autrefois, le sefseri, qui recouvre tout le corps et la t&#234;te, tenu sur le devant du visage par les dents. Abord&#233;e, aucune n'aime en parler, jetant des regards furtifs aux passants par crainte d'&#234;tre rep&#233;r&#233;e par la police et les indicateurs omnipr&#233;sents. En Tunisie, la d&#233;mocratie a ses limites qui ne permet pas la reconnaissance d'un parti islamiste, f&#251;t-il mod&#233;r&#233;, comme au Maroc ou en Alg&#233;rie.

<< La Kairouanaise, si fi&#232;re, r&#233;put&#233;e pour son savoir, est ainsi faite. Son caract&#232;re ind&#233;pendant fait qu'elle refuse de se voir imposer quoi que ce soit >>, souligne Leila, entour&#233;e de ses amies Olfa, Mouna, Ha&#239;fa.

L'une est employ&#233;e aux T&#233;l&#233;coms tunisiennes, l'autre avocate, la troisi&#232;me professeur et la quatri&#232;me directrice d'une maison de culture. Aucune d'entre elles n'est voil&#233;e et pour rien au monde ne voudrait l'&#234;tre. << Il est la preuve, assurent-elles, de la pression dangereuse et constante des islamistes radicaux. >>

Elles se savent minoritaires &#224; Kairouan, m&#234;me si elles ne veulent pas l'avouer et pr&#233;f&#232;rent raconter la belle histoire de la princesse Arwa, la Kairouanaise &#233;pouse du roi irakien Aboujaafar Mansouri qui r&#233;gnait au XVIIe si&#232;cle sur Kairouan. << Celle-ci n'accepta le mariage qu'&#224; une condition : elle d&#233;sirait &#234;tre l'unique &#233;pouse de son souverain. Fou d'amour, il accepta, refusant jusqu'&#224; la fin de ses jours la polygamie... >>



Depuis quatre si&#232;cles, chose peu connue, chaque Kairouanaise qui se marie fait signer &#224; son &#233;poux << le contrat de mariage de la Kairouanaise >>, en l'honneur de la princesse Arwa. Certes, la polygamie a &#233;t&#233; abolie en Tunisie aux lendemains de l'ind&#233;pendance par le d&#233;funt pr&#233;sident Habib Bourguiba, mais cette c&#233;r&#233;monie traditionnelle demeure. Le contrat est sign&#233; au mausol&#233;e du saint Sidi Sahbi, situ&#233; aux portes de la vieille ville, o&#249; est enterr&#233; l'un des grands lieutenants du proph&#232;te Mohammed, Abou Zemmat Al Belaoui, mort lors de l'avanc&#233;e de la conqu&#234;te musulmane au VIIe si&#232;cle, comme si ce dernier devait cautionner ces mariages non polygames, alors que la polygamie est autoris&#233;e dans le Coran.

&#192; Kairouan, on n'est pas &#224; une contradiction pr&#232;s. &#192; la magnifique mosqu&#233;e de la ville construite au VIIe si&#232;cle par le sultan arabe Oqba Ibn Nafaa, qui peut accueillir &#224; chaque pri&#232;re plus de 10 000 fid&#232;les, les femmes sont s&#233;par&#233;es des hommes par une sorte d'enclos entour&#233; de grillages, qui fait face cependant au mirhab d'o&#249; se font tous les pr&#234;ches. Amor Mabrouk, vieux pr&#233;dicateur religieux, qui permet &#224; l'&#233;tranger de passage d'entrer &#224; l'int&#233;rieur, fait rarissime, ne sait pas pourquoi il en est ainsi : << Cela remonte &#224; tr&#232;s longtemps, peut-&#234;tre aux ann&#233;es 1960. Vous savez, remarque-t-il, c'est l'une des rares mosqu&#233;es o&#249; les femmes sont ainsi enferm&#233;es. D'habitude, comme le dit le Coran, le livre saint, elles peuvent &#234;tre au milieu des hommes. Aujourd'hui, elles ont un peu partout leur coin bien &#224; elles dans les mosqu&#233;es, mais jamais elles ne sont s&#233;par&#233;es comme cela. Sans doute une tradition locale. >>




Kairouan, << dont les murailles ont &#233;t&#233; ras&#233;es autrefois au moins trois fois pour insoumission >>, comme le r&#233;v&#232;le l'incollable et volubile historien qu'est Abdeljaouad Lotfi, charg&#233; de recherche &#224; l'Institut du patrimoine, continue &#224; n'en faire qu'&#224; sa t&#234;te...



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